Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/150

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Le soleil a paru. Le sud, par son haleine,
A fondu les frimats qui blanchissoient la plaine.
Quels essaims diligens, d’un bois flexible armés,
S’avancent, l’un par l’autre au travail animés,
Vers les champs couronnés de l’arbre de Minerve ?
Loin d’ici tout mortel que la mollesse énerve ;
Que le bâton bruyant frappe à coup redoublé,
Et qu’en tous ses rameaux l’arbre soit ébranlé :
L’arbre cède ses fruits. De leur grêle épaissie,
Je vois déjà la terre et couverte et noircie ;
Et lorsque tombe enfin l’ombre humide du soir,
Le fruit mûr, écrasé sous le criant pressoir,
Épanche de son sein la liqueur qu’il recèle,
Et sur la flamme ardente en baume pur ruisselle :
Fleuve d’or, qui bientôt appellant les bretons
S’en va par le commerce enrichir nos cantons.
Puisse, toujours couvert de sa pâle verdure,
L’arbre, auteur de ces biens, repousser la froidure !
Contre lui conjurés, ah ! Veuillent désormais
Ces jours trop malheureux ne revenir jamais,
Qui !... mais de ces revers taisons l’affreuse histoire ;