Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/153

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Sera de te venger de notre ingratitude !
Tu le mérites bien, toi, qui dans mes loisirs
Me donnes de si vrais et de si doux plaisirs.
Eh ! Quel charme aujourd’hui que la froide soirée
Du règne du soleil abrège la durée,
Quel charme de s’unir à ces bons villageois,
Qu’un d’eux à la veillée appelle sous ses toîts !
C’est-là qu’au jour obscur d’une lampe enfumée,
Près d’un brasier nourri d’un faisceau de ramée,
Chacun s’assied : les jeux se mêlant aux travaux,
L’un d’une dent nouvelle arme ses vieux râteaux ;
L’autre arrondit le van, dont la sagesse antique
Fit d’un culte épuré le symbole mystique ;
Lycas taille sans art le sceptre des bergers ;
Nice, avec plus d’adresse, entre ses doigts légers
Roule l’ozier pliant, le façonne en corbeilles,
Ou l’élève en paniers pour ses jeunes abeilles.
Et cependant Baucis, en tournant son fuseau,
Raconte dans un coin l’histoire du hameau ;
Dit qu’elle a vu le blé regorger dans les granges,
Que l’automne donnoit de plus riches vendanges,