Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/20

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Eh ! Pourquoi ce mépris ? Parlez, hommes de fange ;
Car il est tems enfin que la raison se venge ;
Parlez : de ce mépris quel est le fondement ?
Croyez-vous qu’aux humains fournir leur aliment,
Soit moins grand, soit moins beau que de tramer des brigues ;
De ramper à la cour dans de lâches intrigues ;
De s’engraisser des biens, qu’un peuple infortuné
Vous apporte, à la voix d’un mortel couronné ;
D’aller, sous les drapeaux d’un conquérant sauvage,
Égorger l’habitant d’un tranquille rivage ?
Les voilà donc connus vos chimériques droits,
Les combats, la richesse, et la faveur des rois ;
Beaux titres, en effet dignes qu’on les étale !
Ne voyez-vous donc point qu’à vous-même fatale,
Votre aveugle fierté plonge dans la langueur
Le bras, qui de vos champs ranimoit la vigueur ?
Combien sur les français les romains l’emportèrent !
Fameux déprédateurs, sans doute ils dévastèrent
De trente nations les paisibles guérets ;
Mais respectant chez eux les travaux de Cérès,
Au simple agriculteur, leurs tribus allarmées