Et la mélancolie attristant ma pensée,
Je ne sens dans mon coeur vide de tous desirs
Ni l’amour des beaux arts, ni le goût des plaisirs :
Ma triste voix s’exhale en regrets inutiles.
Où sont-ils ces côteaux, que j’ai vus si fertiles ?
Où sont-ils ces vallons, si rians à mes yeux ?
Printems, quand viendras-tu rasséréner les cieux ?
Je l’attendrai long-tems. L’hyver règne ; et la nège,
Suspendue en rochers dans les airs qu’elle assiège,
Oppose aux feux du jour sa grisâtre épaisseur :
De sa chûte prochaine un calme précurseur
S’est emparé des airs ; ils dorment en silence.
La nuit vient : l’aquilon d’un vol bruyant s’élance,
Et déchirant la nue, où pesoit enfermé
Cet océan nouveau goutte à goutte formé ;
La nège, au gré des vents, comme une épaisse laine
Voltige à gros flocons, tombe, couvre la plaine,
Déguise la hauteur des chênes, des ormeaux,
Et confond les vallons, les chemins, les hameaux ;
Les monts ont disparu : leur vaste amphithéâtre
S’abbaisse ; tout a pris un vêtement d’albâtre.
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