Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/264

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Du fond de l’avenir, le tems vers nous s’avance,
Nous ne voyons en lui qu’un vieillard impuissant,
Qui, décrépit, courbé, traîne un pas languissant ;
Ses aîles, sur son dos, tantôt sont repliées,
Tantôt, autour de lui, pendent humiliées :
Arrive-t-il à nous ? Qu’il est prompt et léger !
Comme il fuit ! D’un oiseau c’est le vol passager.
« Eh ! Pourquoi, me répond le chantre d’épicure,
Pourquoi te plaindre ? En vain l’indulgente nature
Du tems, en ta faveur, rallentiroit le pas ;
Poussière ambitieuse et promise au trépas,
Que verrois-tu de plus ? Rien de nouveau, te dis-je :
Tes jours vont désormais s’écouler sans prodige.
Sur d’antiques tableaux ton oeil doit revenir ;
Soumets-toi : le passé t’a prédit l’avenir. »
Hélas, je le sais trop : oui ; dans un cercle immense
De maux liés entr’eux, l’an roule et recommence.
C’est peu qu’un air impur, l’ouragan, les frimats,
Fidèles aux saisons, désolent nos climats ;
Que la mer, pour briser le frein de l’esclavage,