Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/271

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C’est la profonde paix qui couronne sa fin :
Méchant, seroit-il mort avec ce front serein.
Sans trouble résignant ses jours à la nature,
"Laissez-moi voir encor cette belle verdure,
Dit-il ; sur moi jamais un si beau jour n’a lui ;
Je vois Dieu ; je l’entens ; ce Dieu m’appelle à lui.

Il expire ; et trois jours, sur cette cendre éteinte,
De la gloire du juste a rayonné l’empreinte.
Ô toi, dont l’indulgence encourageoit mes chants,
Qui te disoient la paix et le bonheur des champs ;
Grand-homme, dont j’allois admirer la vieillesse
Malheureuse en silence et fière avec simplesse !
Ah ! Si, dans le repos où t’a placé la mort,
Tu peux être sensible à mon pieux transport ;
S’il peut te souvenir quelle amour pure et tendre
M’attachoit aux conseils que tu me fis entendre,
Garantis-moi des moeurs d’un siècle criminel.
Entens surtout la voix de mon coeur paternel.
Que ma fille, n’aguère arrivée à la vie,
Ait un jour les vertus dont tu paras Sophie,
Qu’elle trouve un émile, et que tous deux s’aimant,