Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/276

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Courent impétueux ; et leurs nerfs irrités,
Précipitant leurs bras impatiens de rage,
Poussent aux grands forfaits leur féroce courage ;
La nature et le trône, hélas ! N’ont plus de droits :
À ces hommes de sang, dieux ! Cachez les bons rois ;
Aux peuples orphelins, dieux ! épargnez des larmes.
L’hyver sur nous encor répand d’autres allarmes.
L’hyver, du fond des bois, en troupeaux affamés,
Chasse, altérés de sang et d’audace enflammés,
Tous ces loups, qui, n’aguère enfoncés sous des roches,
Et de l’homme et du jour redoutoient les approches.
Comme un torrent fougueux, d’écume blanchissant,
Roule de roc en roc, retombe en bondissant,
Déracine les ponts, les brise et les entraîne ;
Tels, du haut Appenin et des monts de Pyrène,
Descendent, en heurlant, ces monstres des forêts.
Leur hideux bataillon traversant les guérets
Y surprend le coursier, le renverse et l’égorge ;
Le fier Taureau, saisi par sa flottante gorge,
De ses dards recourbés bat les airs vainement ;
Il tombe : il fait ouïr son dernier meuglement.