Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Tout-à-coup l’aquilon frappe de la golée
L’eau, qui, des cieux n’aguère à grands flots écoulée,
Écumoit et nageoit sur la face des champs ;
C’est une mer de glace : et ses angles tranchans,
Atteignant les forêts jusques à leurs racines,
Rivaux des feux du ciel, les couvrent de ruines.
Le chêne, des hyvers tant de fois triomphant,
Le chêne vigoureux crie, éclate et se fend.
Ce roi de la forêt meurt. Avec lui, sans nombre,
Expirent les sujets que protégeoit son ombre.
Pleurez, jeunes beautés ; pleurez. Les arbrisseaux,
Dont les bouquets fleuris couronnoient vos berceaux,
Ces lilas, ces jasmins et l’immense famille
Des rosiers, qui coupoient l’uniforme charmille,
Au retour des Gémeaux, de parfums ravissans
Ne réjouiront pas et votre ame et vos sens.
Empire des jardins, la brûlante froidure
Dans leur germe a séché tes fleurs et ta verdure !
Et vous, champs amoureux, délicieux séjour.
Où s’ouvrit ma paupière à la clarté du jour,
Brillante occitanie ; hélas ! Encor tes rives
Pleurent l’honneur perdu de tes rameaux d’olives !