Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome II, 1779.djvu/292

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De ton char, il est vrai, son char est précurseur ;
Mais moi, je te succède ; et l’emportant sur elle,
Je suis de ta beauté l’image naturelle. »
Le souverain des jours, sensible à ses douleurs :
« Ma fille, lui dit-il, je veux sécher tes pleurs.
Vois ce savant français, favori d’Uranie,
Vois Mairan ; j’ai fait choix de cet heureux génie.
Il va dire aux mortels le dieu dont tu descends. »
Le soleil prend alors un de ces traits puissans,
Où de notre univers sont gravés les mystères,
Et que son bras réserve aux sages solitaires,
De l’empire des airs ardens contemplateurs.
Le trait frappe Mairan : ses regards scrutateurs,
Éclairés tout-à-coup d’une flamme divine,
De l’aurore du nord y lisent l’origine.
Il parle, et ses discours vengent la déité.
Pour moi, si mes pinceaux sans couleur, sans fierté,
Ne se refusoient point à servir mon génie,
Peut-être qu’introduit au temple d’Uranie,
Des discours de Mairan j’illustrerois mes vers.
Mais, lasse de fournir à cent portraits divers,
Ma palette s’épuise ; et mon pinceau débile
De mes doigts fatigués tombe, et reste immobile.