Page:Rougemont, De Courcy, Dupeuty - Le Courrier de la malle, 1832.djvu/43

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Scène II

Désirée, Gauthier, un petit panier sous le bras.

Désirée, ouvrant.
Tiens, c’est vous, cousin !... Ah ! ben, je ne vous attendais pas aujourd’hui, et surtout pas à pareille heure !...

Gauthier, ému et joyeux.
Pardon, cousine, de vous avoir fait lever… heureusement que vous n’étiez pas couchée… j’étais si impatient de vous revoir… (Il dépose son panier sur une chaise.)

AIR : du Carnaval de Béranger.
J’quitte à l’instant la diligenc’Laffite,
Et, pour attendr’ le jour en ce pays,
J’aurais trouvé sans peine un autre gîte,
Car on n’manq’ pas d’auberges à Paris.
Mais, quand vous t’nez l’hôtel d’la Providence,
Et quand bientôt j’dois être votre époux,
Ç’aurait été, je crois, une inconv’nance
D’aller coucher autre part que chez vous.

Désirée, un peu embarrassée.
Ce cher Gauthier, je le trouve encore mieux… mais ce n’est guère le moment de parler de ces choses-là ; vous devez être fatigué. (à la cantonade.) Georgette, la jolie chambre n. 2 ; il faut vous reposer, mon cousin, et demain…

Gauthier.
Demain, après-demain, tous les jours, je serai le même, brûlant d’amour et gonflé d’espérance ; un mot, un seul mot conforme à votre lettre, divine Désirée, et vous aurez pour mari un des habitants les plus huppés de Dijon, dans le vinaigre.

Désirée
Nous causerons de tout cela à déjeuner !

Gauthier
À propos de déjeuner… ah ! Quelle brioche j’allais faire, j’oubliais… C’est un petit cadeau, cousine, que je vous prie d’accepter pour l’amour de moi… je ne sais pas si vous aimez la moutarde ? (Il a été prendre un pot de moutarde et un petit bocal de cornichons dans le panier et les présente à Désirée.)

Désirée
Beaucoup…, je l’adore, la moutarde…

Gauthier
Raison de plus, c’est est à l’estragon et aux fines herbes… nous n’en faisons point encore à la vanille ; mais avec le temps…