Page:Rougemont, De Courcy, Dupeuty - Le Courrier de la malle, 1832.djvu/45

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la fille
J’en réclame une pareille. (à Désirée.) C’est votre domestique ?... ma Foedera en a une à laquelle elle est fort attachée… c’est une femme qui a connu mon épouse dans les bras de sa mère.

La fille, à Prudhomme, après avoir remis à Gauthier le flambeau qu’elle tenait
Monsieur, je m’en vais vous chercher une lumière.

Prudhomme
Merci, merci… j’ai mon rat… c’est une lumière de poche extrêmement commode. (Il tire un rat-de-cave de sa poche et dit en l’approchant de la lumière.) Madame, voulez-vous me permettre d’allumer mon rat ?

Désirée
Faites, faites, monsieur.

Prudhomme, l’allumant.
Je vous rends grâce. (Il entre dans la chambre latérale à gauche.)

Désirée
Quel drôle de voyageur !

Gauthier
C’est une espèce de maniaque que j’ai vu à Dijon.

Prudhomme, revenant.
Pardon, madame, j’ai éteint mon rat… je vais rallumer mon rat ; le rat est l’image de la vie… tout s’éteint et rarement se rallume… rarement se rallume… (Il salue et sort après avoir rallumé son rat) .

Gauthier
Quel original !... bonsoir, cousine.

Désirée
Au revoir, cousin. (Gauthier sort par le fond, à droite).



Scène IV


Désirée, seule.
A-t-on jamais vu ce Gauthier, qui vient aussitôt qu’on l’appelle ! Comment est-ce que je vais faire à présent ?... Bah ! Quand le cousin ne serait venu à Paris que pour forcer l’autre à se décider plus vite, ça lui fera toujours un voyage d’agrément ; nous verrons tout cela demain… Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’avant quinze jours, je serai madame… l’un ou l’autre… Voilà toutes les malles-postes arrivées… je n’espère plus de voyageurs… allons nous coucher. (On sonne très fort.) Qu’est-ce qui carillonne donc de cette force-là ?

Madame Duchemin, en dehors.
Ouvrez… ouvrez donc !