voilà à la tête d’une immense fortune. Plusieurs châteaux d’Allemagne, — j’allais dire châteaux d’Espagne, — m’appartiennent. J’ai des parts dans les banques de tous les grands pays de l’Europe. Ô puissance de l’argent, comme tu changes vite les destinées de l’homme ! Hier encore, je n’étais qu’un pauvre artisan, aujourd’hui je suis comte, marquis, baron, duc, prince, roi et tout ce que l’on voudra. »
La mère du millionnaire, qui filait dans la chambre où se tenait le jeune homme, ne peut s’empêcher de lui dire :
« Es-tu fou ce matin ? Tu ferais bien mieux de continuer de travailler et de prier le bon Dieu tous les jours plutôt que de t’arrêter à ces blagues-là.
Pierriche (c’est le nom du millionnaire). — Comment ! vous voulez vous moquer de mon titre de noblesse ? Vous me prenez pour un menteur ? Eh bien ! écoutez…
La mère. — Tâche donc de ne pas me casser les oreilles, et laisse-moi terminer ma fusée de laine.
Le fils. — Écoutez ce que contient ce grand papier timbré.
La mère. — Aussi timbré que toi.
Le fils. — Timbré tant que vous voudrez ; mais je suis riche, riche et puis encore riche. Faites-moi donc le plaisir de prêter l’oreille un seul instant, et vous verrez jusqu’à quelle hauteur notre famille est parvenue.