Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome I, 1930.djvu/40

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à la victime, et s’étend nonchalamment sur son lit avec la satisfaction d’un homme qui a fait le bien toute sa vie.

« Pendant que le meurtrier se livre encore aux douceurs du sommeil, la plus grande excitation règne dans le village. Toute la population est plongée dans la consternation : elle vient d’apprendre qu’un crime horrible a été commis dans la paroisse, mais sans savoir encore en quel endroit. Une femme s’étant levée de grand matin s’était rendue à la pêche pour profiter de la basse marée. Mais elle en était revenue en criant : « Il y a un cadavre dans notre pêche. » Les villageois accourent à ses cris et trouvent le malheureux Guillemette, que les flots ont rejeté sur le rivage. Ils se rappellent tous avoir vu le défunt, le jour précédent, parcourir la paroisse de Saint-Jean-Port-Joli. Quelques-uns d’entre eux l’ont vu même entrer chez le docteur l’Indienne à la tombée de la nuit. Il n’y a plus de doute, c’est le docteur qui l’a tué pour s’emparer de son argent.

« La justice est informée du crime ; elle fait des recherches, et la culpabilité du docteur est prouvée. Le sang d’Abel criait vengeance. Aussi, quelques semaines plus tard, le célèbre docteur l’Indienne montait sur l’échafaud pour subir le châtiment de ses nombreux forfaits. Le meurtrier, si ma mémoire est fidèle, fut exécuté à Québec, devant l’ancienne prison, en compagnie de trois autres grands criminels.