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la maison où je vis la lumière pour la première fois.

— Comment cela ?

— Cette chaumière appartenait à mon père, qui a été tué dernièrement lors d’un accident de chemin de fer, et comme je suis fils unique, je viens prendre possession de mon bien.

— Ah ! mon beau jeune homme, reprend la vieille d’un ton narquois, vous n’êtes pas sans savoir que votre père est mort criblé de dettes, que ses nombreux créanciers ont vendu votre prétendu héritage pour se payer et que c’est mon homme qui a fait l’acquisition de la cabane et du champ de votre seigneurie. »

La maîtresse tourne ensuite sur les talons et ferme la porte au nez du jeune homme, qui reste anéanti par ce dernier coup de foudre.

Orphelin et n’ayant pas encore vingt ans ! Pas un être qui vous sourit et vous tend la main, personne pour vous guider sur la mer orageuse de ce monde ! Toutes ces pénibles pensées traversent le cerveau d’Edmond, qui chancelle alors comme un homme ivre. Il ne sait où diriger ses pas. Pourtant il lui faut prendre une décision et prouver qu’il est un homme.

Après avoir prié quelques instants dans le temple divin, l’orphelin se sent plus fort et plus courageux. Son parti est pris et rien ne peut l’arrêter : il se rend à Paris. Là, son imagination le fait arriver au sommet des grandeurs. Pauvre jeune homme ! il igno-