Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome I, 1930.djvu/76

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Edmond réfléchit encore quelques instants et se souvient enfin de cet oncle émigré aux États-Unis. Il signe le reçu demandé et touche la somme de $100, 000.

L’avocat, avant de prendre congé de son client, lui annonce que, d’après le testament de son oncle, il est devenu aussi propriétaire d’une grande ferme située dans l’État de l’Ohio, cette ferme étant évaluée à près d’un million. Si Edmond veut bien se rendre à son bureau, il le mettra en possession immédiate de cette magnifique propriété ; il n’aura qu’à payer les frais que son avocat a été obligé de faire pour régler cette importante succession. L’avocat se retire.

Une grande joie peut avoir des conséquences aussi funestes qu’une grande douleur ; c’est ce qui arriva pour notre orphelin. Après le départ de l’homme de loi, Edmond reste plongé dans un état de torpeur indéfinissable en présence de ce monceau de billets de banque ; il les voit et il ne peut en croire ses yeux.

« C’est donc cet argent, se dit-il enfin, qui doit rendre un homme heureux ! Mensonge et vanité ! »

Il était riche, et il n’était pas heureux. Le reste de l’histoire nous fera connaître le mot de l’énigme.

Dans l’après-midi, l’héritier se rend chez son avocat et met toutes ses affaires en parfait ordre ; il était devenu réellement millionnaire.

Cette heureuse et grande nouvelle fit bientôt le tour de la presse. L’orphelin abandonné et bafoué