Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome I, 1930.djvu/96

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pas. Je courrai peut-être un grand danger dans la lutte que je vais soutenir. Mais encore une fois, ne bougez pas, et ne soufflez mot. »

« La trappe s’ouvre, et je m’enfonce dans la profondeur des ténèbres, armé seulement d’un énorme gourdin.

« J’aperçois aussitôt le feu follet à l’endroit qui m’avait été indiqué. J’engage le combat sur-le-champ. Je trouve la soupe chaude ou mieux encore chaussure a mon pied, car j’avais affaire à un terrible ennemi. J’avais beau le rosser de coup, il revenait sans cesse à la charge. Les cris de mort que je poussais ne l’effrayaient pas ; ils semblaient, au contraire, redoubler son énergie et son activité. Il y avait un bon quart d’heure que la lutte était engagée, et la victoire paraissait encore douteuse. J’étais fatigué, je suais à grosses gouttes ; sans mentir, j’avais les cheveux mouillés comme une lavette. Le feu follet se moquait de mon impuissance ; il folâtrait autour de moi en faisant entendre des exclamations de joie et des rires sardoniques. J’étais fou de colère. Prenant mon bâton à deux mains, je fonce de nouveau sur mon ennemi, et je le terrasse enfin. Le combat était terminé, et je restais vainqueur. Le feu follet s’était dissipé en une fumée bleuâtre.

« Le propriétaire de la maison ayant soulevé la trappe à ma demande, je rejoins les gens accourus de toutes parts pour être témoins de mes prouesses ; ils tremblaient tous de frayeur. Épuisé de fatigue, je