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« Et le lendemain, mes douze volailles étaient placées en hivernement à Charlesbourg. »

Le chasseur avait cessé de parler, et l’auditoire gardait le silence. On voyait que tous les auditeurs n’étaient pas convaincus de la véracité de son récit. L’un d’eux s’adressa au chasseur et lui demanda de nouvelles explications sur la manière dont il s’était pris pour vaincre le feu follet.

« C’était bien simple, reprit-il. Vous devez vous imaginer que la lutte que je vous ai rapportée n’a jamais eu lieu, pour la bonne raison qu’il n’y avait pas plus de feu follet que sur la main. En descendant dans la cave, je vis bien une petite lumière dans un coin. Je m’approchai de cet endroit, et je découvris une fissure dans le mur du solage à travers laquelle pénétrait la lumière que projetait la lampe d’une maison voisine. Je pris alors un peu de boue que je pétris dans le creux de ma main et je bouchai le trou. Il n’y avait plus de feu follet ni de traînée lumineuse comme la queue d’une comète.

« C’était là tout mon secret pour chasser les feux follets. »

Un franc éclat de rire accueille ces dernières paroles, et la foule de curieux se disperse.