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« Si ma mère et moi mourons de faim, le bon Dieu aura pitié de nous. »

La semaine suivante, Julie se met à la recherche d’ouvrage ; elle marche bien péniblement ; elle est si faible, — elle n’a pas mangé depuis deux jours, — qu’elle chancelle comme un homme ivre. Malheureusement ses démarches sont encore infructueuses ; il lui est impossible de trouver le moindre ouvrage. Julie tombe alors dans le découragement le plus complet ; elle ne sait où diriger ses pas, lorsqu’elle fait rencontre d’un beau jeune homme, qui l’aborde en lui disant :

« Mademoiselle, permettez-moi de vous demander la cause de votre tristesse et de l’abattement que je lis sur votre visage. »

Julie, rassurée par l’air candide et bon du jeune homme, répond sans hésiter et lui raconte en peu de mots l’histoire de sa vie.

Le beau jeune homme reprend :

« Vous manquez d’ouvrage. Je connais une maison où vous en trouverez certainement. »

Et il lui indique la maison bénie.

La couturière se rend à l’endroit désigné et frappe, en tremblant, à la porte d’une élégante habitation. Personne ne répond. La jeune fille frappe de nouveau, et toujours le silence le plus profond règne dans l’intérieur. Alors elle se décide à ouvrir, entre dans un riche corridor et se trouve tout à coup en présence de Mme  L…, la maîtresse de céans. Julie