Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome II, 1930.djvu/24

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lui expose le but de sa visite et lui fait connaître sa rencontre avec le jeune inconnu.

La bonne dame reste toute surprise de cette visite inattendue. C’est un jeune homme qui l’envoie vers elle pour avoir de l’ouvrage, et elle n’a aucune couture à faire faire ! Il y a là un mystère.

« Vous dites que ce jeune homme vous a assuré que vous auriez de l’ouvrage ici ?

— Oui, madame. Après avoir su que j’avais dépensé mon dernier franc pour les âmes du Purgatoire, il m’a pour ainsi dire commandé de m’adresser à vous pour sortir de ma pénible situation.

— Et ce jeune homme, vous ne le connaissez pas ?

— Non, madame, c’est la première fois que je le vois. »

Tout en parlant, Julie jetait un regard sur les portraits qui ornaient les murs du salon, où les deux causeuses se trouvaient alors. Tout à coup, elle s’écrie :

« Voilà, madame, le portrait du jeune homme que je viens de rencontrer. »

Et elle désigne de la main le portrait en question.

« Vous êtes parfaitement sûre que ce portrait est l’image fidèle du jeune homme que vous avez rencontré tout à l’heure ?

— J’en ferais serment, madame. C’est cette personne elle-même. »

Mme  L… fond alors en larmes et se jette à genoux en s’exclamant :

« Ma bonne demoiselle, c’est mon fils unique que