Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome II, 1930.djvu/52

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de Velletri a eu plusieurs fois la visite des brigands ; en voici une preuve entre mille.

Un soir, nous étions de patrouille en compagnie de MM. Charles Trudelle et Napoléon Courteau, zouaves canadiens, et d’un zouave français dont nous avons oublié le nom. Cette patrouille était commandée, comme toutes les autres du reste, par un gendarme. En parcourant la plus grande rue de la ville, le Corso, s’il vous plaît, — chaque ville des États de l’Église a son Corso, — nous passons devant le Café du Soleil. Notre commandant ralentit le pas et jette un regard scrutateur sur la foule des buveurs qui encombrent le café, dont la porte est toute grande ouverte.

Nous remarquons alors que le gendarme est vivement excité ; mais tout de même nous continuons notre promenade militaire. Quelques arpents plus loin, nous nous arrêtons et nous faisons volte-face. Notre chef ''pro tempore nous recommande de marcher piano, piano, en arrivant au café. Un grand nombre de buveurs ont déjà déserté le restaurant ; il reste cependant encore cinq ou six joyeux convives assis à une table placée dans un coin assez obscur. Le gendarme s’arrête en face de la porte et nous donne l’ordre de faire halte et de fixer le sabre-baïonnette au bout de notre carabine. Cette halte et le dernier commandement donné à voix basse nous intriguent excessivement. Nous ne voyons rien qui puisse nécessiter une charge à la baïonnette, et pourtant notre commandant a des rai-