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Dans tout ce qui reluit de beau, de gracieux,
Je vois un de tes traits, Vierge Reine des cieux
C’est toi l’arbre de vie, au jardin de l’Église ;
Et la source d’eau vive, à nos pères promise ;
Le mystique palais, que de ses propres mains
L’Éternelle Sagesse a, dans ses grands desseins,
Bâti pour contenir l’infinité du Verbe !
Temple de Salomon, tabernacle superbe,
Sanctuaire où devait reposer Dieu-fait-chair ;
Dieu vaincu par l’amour, et vainqueur de l’Enfer !
Ô toi, la Vierge Reine, et la Reine des vierges,
Dont l’autel est sans cesse illuminé de cierges ;
Dont l’autel est chargé de tributs et de fleurs ;
Mère du pur amour et Mère des douleurs ;
Arche toujours flottant sur les eaux du déluge ;
De tous les naufragés, ô maternel refuge ! —
 Et toi, Saint Jean, disciple, apôtre bien-aimé,
Quand ton front virginal, de lys tout parfumé,
Doucement s’inclina sur le sein de ton Maître, —
Oh ! quelle pure extase en toi tu sentis naître !
Qui peut dire, en ce jour, quels célestes torrents
De lumière et d’amour inondèrent tes sens ;
Quel voile s’entr’ouvrit, et quels divins mystères
Te furent révélés, ô toi, qu’entre tes frères,
Dieu choisit, comme un aigle au vol audacieux,
Pour expliquer son Verbe et mesurer les cieux ?
 Et vous, Saints d’Orient, saints de la Palestine,
Votre secret, ce fut la chasteté divine !
Si vous avez monté, tels que des Séraphins,
De soleil en soleil, jusqu’aux derniers confins
Des globes entraînés dans l’invisible espace ;
Loin des mondes créés, dont la figure passe,
Si votre âme, si forée et libre en son essor,
A pu se transformer sur un nouveau Thabor ;
Et, volant jusqu’au ciel à la suite d’un Ange,
Perdu le souvenir de la terre, où tout change ;
Jusqu’au séjour de Dieu, si vous avez monté, —
Oh ! dites, n’est-ce pas avec la chasteté ?
 Et vous, humbles beautés, lys éclos dans le temple ;
Vous, que du haut des cieux l’Ange même contemple ;
Qui, de tant de vertus embaumant chaque autel,
Avez toujours gardé l’huile sainte du ciel ;
Et qui, vivant ici de prière et d’extase,
Sans cesse avez veillé sur le fragile vase :
Dites-moi ? vous savez, épouses de Jésus,
Tout ce qu’une âme vierge exhale de vertus :
D’un Archange vainqueur vous avez l’attitude,
Et pour vous l’héroïsme est comme une habitude ;
À tout grand sacrifice, on vous voit tressaillir ;
De vos yeux inspirés le bien semble jaillir ;