Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/119

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possession du Grand-Ermitage, et résolut de s’efforcer d’y mener la même vie qu’avait menée sa sœur, si digne d’imitation.

La cabane de Lossima ne fut point abandonnée au vent et à la pluie ; mais une de ses nièces, qui s’appelait Noukanklo, La Mélancolique, vint l’habiter, pour n’être pas troublée par des infidèles dans ses exercices de piété et son amour de la solitude : Le silence et le mystère enveloppaient cette fleur virginale, qui n’avait de parfum que pour son Dieu.

Hopoyouksa se bâtit une cabane en vue du Grand-Ermitage et de la tombe de sa fille ; cette forêt, où elle avait vécu, était devenue pour lui le bocage de la mort : Comme l’arbre du Malabar, que l’on nomme triste et qui ne fleurit que la nuit, son âme ne s’ouvrait plus qu’à des pensées de deuil.

Rosalie conduisit Issabé à son agoupa, qui était bien étroit, il est vrai, mais assez grand pour contenir deux cœurs qui ne faisaient qu’un seul.

Etoile, le chien fidèle, ne voulut jamais quitter le tertre où reposait sa maîtresse, et il ne vivait que de ce que Lossima lui apportait chaque jour ; il semblait dire : « O vous, qui prétendez que l’animal est une machine, voyez si la douleur de l’homme peut être plus grande que la mienne ! »

Pâlki, la gracieuse biche, qui nourrissait Atala de son lait pendant qu’elle vivait, broutait, tout près de l’endroit où elle était ensevelie, les feuil-