Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/45

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cités, s’écriait-elle ; ô Unité Souveraine, laisse-moi me perdre, avec toutes mes pensées et toutes mes affections, dans l’abîme de ton Amour ! Laisse-moi me perdre avec mon néant dans le Tout de ton Etre Absolu ! O Vérité, ô Beauté, ô bonté, absorbe et transforme et déifie ta créature, annihilée devant ta Suprême Grandeur ! »

Et tandis que la chaste fille de l’Esprit, la vierge des mystiques amours, employait ainsi toutes ses heures dans la solitude, que faisaient ses sœurs de la cité, ses urbaines condamnatrices ? Elles oubliaient Dieu et s’oubliaient elles-mêmes, dans l’ivresse des plaisirs qui les emportaient au milieu d’un tourbillon nuageux de parfums artificiels ; elles se livraient au délire de la danse, au délire de toutes les passions qui brûlent l’âme et flétrissent la beauté ; elles décevaient et étaient déçues ; elles corrompaient et étaient corrompues ; elles donnaient et recevaient la mort : Ses sœurs ! elles étaient des femmes d’action ; et, elle—ah  ! elle,—elle n’était qu’une oisive rêveuse !

O Monde  ! que tu sais dompter et avilir tous ceux qui t’obéissent ! Tu fais de tes sujets des esclaves ; et de tes esclaves, des marche-pieds ! Tu dissous tous les liens les plus sacrés et tu pulvérises toutes les plus saintes résolutions ! Tu détrempes l’acier des âmes les plus fortes ! Tu démasculinises toutes les virilités ! … Et cependant,tu as des adorateurs ; la multitude accourt