Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/84

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la solitude et le repos du silence : Elle modulait en un demi-ton, avec une si vive expression, un tel accent et une voix si émue, qu’elle eût attendri des rochers et adouci la férocité du tigre ! … La musique est un radieux écho du ciel sur la terre, de l’éternité dans le temps, pour ravir l’âme dans les splendeurs de l’Idéal, en dissipant les ténèbres de la matière, et arrachant les voiles du mystère et de l’infini ! La musique, c’est le soulèvement de l’âme jusqu’à la hauteur des célestes visions et des divines voluptés ! Le poète et le musicien sont les deux plus sublimes initiateurs du sanctuaire des Beaux-Arts : Le Dante siège et domine à côté de Palestrina et de Pergolèse.

Réveillé de son sommeil profond, et attiré par la voix de la grande enchanteresse de ces bois, un serpent sort de son repaire obscur ; il avance avec lenteur, approche cauteleusement ; il ne suit pas la ligne droite ; il louvoie et dévie en traçant des courbes capricieuses et fuyantes. Pourquoi se presserait-il ? Il est sûr de sa victime ? Ses yeux brillent comme l’étincelle du diamant et la flamme du rubis. Il n’est pas en colère ; il n’est pas impatient ; ses allures sont celles d’un vainqueur. Il s’arrête, s’allonge, s’élève en spirale, se dresse et balance avec grâce. Il glisse sur les flots de verdure, en les effleurant à peine. Son cou se courbe comme celui du cygne. Toutes les nuances du noir, du brun et du jaune s’harmonisent en