Page:Rouquette - La Nouvelle Atala, 1879.djvu/95

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Chateaubriand, toute l’éloquence de Lacordaire, et toutes les prières des saintes âmes, pour faire rebrousser la barbarie païenne, prête à camper au milieu des capitales livrées à la démence de l’impiété et au délire des passions les plus dégradantes. »

Hopoyouksa était donc venu demander l’hospitalité à ces mêmes Indiens qui avaient accueilli Chateaubriand, fuyant la France à peine sortie des horreurs sanglantes de la Révolution, détrônant toutes les grandeurs et couronnant toutes les bassesses !

Il y avait déjà plusieurs années qu’il vivait dans la même forêt qu’Atala, sans jamais lui avoir parlé. Il l’admirait de loin ; il la vénérait comme une sainte ; elle exerçait sur lui une influence attractive qu’il ne pouvait s’expliquer : Enfin, il s’approcha d’elle, un jour qu’elle était seule, non loin du Grand Ermitage :

« Noble habitante, lui dit-il, de cette forêt seigneuriale, vous êtes digne d’elle, et elle est digne de vous ; vous êtes l’ange de cette solitude ; vous y répandez le parfum de vos vertus ; vous l’illuminez de votre présence… »

« Noble gentilhomme, répondit Atala, épargnez-moi l’accablement de ces courtoises flatteries : Ce désert n’est pas un salon du faubourg St-Germain. »

« O vierge mystérieuse, épouse du Christ, ange de charité, daignez écouter le récit de mes longs malheurs : J’ai quitté la France ; j’ai traversé