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Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/135

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LE GRAND SILENCE BLANC

s’élancer et le jette dans la hutte dont je tire la porte.

Libres, les chiens de l’homme creusent vivement leur trou dans la neige et disparaissent.

O’Neil enlève ses raquettes et secoue son manteau. Nous entrons.

La douce chaleur nous enveloppe. Le voyageur pousse un ah ! réjoui en arrachant les glaçons qui pendent à ses moustaches.

Le thé copieusement arrosé de whisky. Beaucoup de whisky, très peu de thé, c’est ainsi que mon compagnon comprend la chose.

— Garçon, j’ai pensé que vous vous ennuyiez tout seul, alors je suis venu…

— Merci.

— Pas la peine. Je m’ennuyais aussi. J’ai la noire bête, comment vous dites en français ? le… la… vous savez, l’affreuse noire bête.

— Le cafard.

All right. Le cafard. C’est la nuit de Christmas, tout de suite.

— Ah ! c’est Noël, j’avais oublié.

— Alors, j’ai pris mes raquettes et je suis venu. Seize mille, c’est peu de chose, la Stewart est gelée à bloc. C’est une piste admirable, mais après Cariboo Kid, le vent souffle de biais. Ça n’est pas chaud.

Il tend ses doigts à la flamme, puis, se pétrissant les mains, il fait craquer ses os. Il étend ses jambes, entourées de peaux de renard bleu qui,