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LE GRAND SILENCE BLANC

étaient en présence d’un spécimen unique de chœrodonte non moins ancêtre et non moins hypothétique que le protapirus.

Un grand maigre, qui avait l’air d’un portemanteau enredingoté, certifiait que c’était un proproboscidea, ce à quoi répliqua vertement un bon gros tout réjoui, traitant « son cher confrère » d’ignare, attendu que le proproboscidea n’avait, paraît-il, qu’une trompe rudimentaire.

Ils échangèrent des propos aigres-doux et faillirent en venir aux mains ; il fallut s’interposer.

Enfin, après avoir cité Pohlig, Falconer, Gaudry, Brehm, Ameghino, Cope et parlé de lombrifrons, ganesa, isignis, hysudricus, namadicus, angustidens, trigonocephalus, meridionalis et pentalophodon, et passé tour à tour de Java à l’Inde, de l’Inde à la Chine, de la Chine à l’Europe, après un crochet en Afrique, ces honorables gentlemen tombèrent d’accord pour déclarer qu’on se trouvait en présence du Mastodon americanus et mirificus de l’Amérique du Nord, contemporain de l’Élephas primigenius, lesquels vivaient, comme chacun sait, à l’époque quaternaire, à moins que ce ne soit dans le miocène supérieur, peut-être dans aussi dans le pliocène.

Finalement, on sut que Patrick avait échangé son mammouth contre un chèque de cinquante mille dollars… C’était un bon business.

Aujourd’hui, le mammouth est au Muséum et Patrick, avec ses cinquante mille dollars, vit