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Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/173

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LE GRAND SILENCE BLANC

Ce n’est plus le camp des mineurs où certain hors-la-loi célèbre dans les annales de la cité imposait autrefois sa volonté.

Ses rues numérotées coupent à angle droit (selon la mode américaine), huit avenues. Dawson qui, à l’époque héroïque, s’enorgueillissait de ses bars fameux, le Northern, l’Exchange, le Monte-Carlo, a maintenant des églises, des temples, un vaste bâtiment postal, qui encombre la Troisième Avenue, des trottoirs en bois, et si la ville a perdu en pittoresque, certes elle a gagné en sécurité.

Encore quelques années et le vieux Yukoner, chaussé de mocassins en peau de wolverine, aux fourrures lépreuses, revêtu de l’indispensable overall en grosse toile imperméable bleue ou kaki, retenu aux épaules par de courtes bretelles, le vieux Yukoner, aux gants de cuir fourrés serrés au-dessus du coude, ne sera plus qu’un souvenir.

Et le soir, dans un hôtel confortable de la Cité de l’or, devant un feu clair, les belles dames en quête de sensation ou les beaux messieurs neurasthéniques entendront conter les exploits légendaires de ceux qui ouvrirent, à force de courage, les portes mystérieuses de la Terre de l’Éternel Silence.

Gregory Land soupire… et pour chasser ce tableau désolant, il s’offre un double Martini coktail.