Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
LE GRAND SILENCE BLANC

chose follement aventureuse : accrocher un chemin de fer sur le granit des rochers à pic.

Combien de compagnons sont restés dans les gorges de la White-Pass, combien ont fini là leur rêve de richesse !

La terre du silence garde son secret.

Mais ce n’est pas là l’histoire, il importe peu de philosopher ; sachez seulement que ceux qui essayèrent de franchir la Passe et réussirent cette performance étaient de rudes hommes.

Hans Troemsen était de ceux-là. C’était un bon géant blond de Scandinavie, silencieux et grave. Pêcheur, il avait abandonné sa barque pour courir sa vie, à travers le Canada et la Colombie Britannique.

À Vancouver, il avait entendu parler des découvertes des champs d’or de Fairbanks et de la Tanana. C’était, si mes souvenirs sont exacts, vers 1902 ou 1903.

Hans Troemsen s’embarqua sur un des vapeurs qui, à travers le méandre des îles, faisaient le trafic sur la côte du Pacifique entre Vancouver et Skagway.

C’était un garçon économe. Il put acheter un team de six chiens, des bêtes du Labrador magnifiques, pas trop usées, mais cependant habituées au trail. Il les choisit en connaisseur.

De Skagway à White-Horse, il y a 111 milles par l’affreuse route que vous savez surplombant l’abîme de 8 à 900 pieds.