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Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/180

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LE GRAND SILENCE BLANC

et partit avec Hans Troemsen, précédé par Push qui jappait, libre, à la tête de la meute.

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Deux jours après, dans ce même Monte-Carlo, nous vîmes revenir Ralph Harrisson. Il était seul et portait un énorme bandage autour de la tête. Son poignet droit était aussi serré dans un pansement.

Il conta l’aventure. Hans Troemsen avait voulu conduire le team à l’indienne. Peu accoutumé, le Scandinave n’avait pu, à un tournant, rassembler assez vivement les guides et le team était tombé dans un ravin ; lui, Ralph Harrisson, avait prévu la chute ; debout sur le taku, il avait sauté juste à temps, cependant que chiens, homme et traîneau se fracassaient dans le gouffre.

Ralph avait la tête un peu cassée, mais solide ; un team qui rentrait à Dawson l’avait heureusement reconduit vers la ville.

Ces sortes d’accidents étaient quotidiens. Personne ne s’apitoya sur la triste fin de Hans et comme Ralph payait une tournée générale, on le proclama le meilleur des garçons.

Il avait le verre en main — je le vois, tenez, comme si c’était d’hier — il était accoudé sur le bois du comptoir et tenait son verre de la main gauche. Il regardait la liqueur à hauteur de son œil et riait d’un rire qui découvrait une double rangée de dents blanches, des dents aiguës comme celles des loups. Il buvait et riait et les