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Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/194

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LE GRAND SILENCE BLANC

— Vous n’êtes qu’un loir paresseux.

— Vous avez un cœur de lièvre.

Enfin, un soir, l’ultimatum : la poupée va partir essayer sa grâce… Perdue pour perdue, ne vaut-il pas mieux lui montrer qu’on est un homme ?

Au matin, sans plus raisonner, il part, lisant dans les yeux de porcelaine un peu d’amour et beaucoup de joie.

Et Jack Nichols débarque, vous le rencontrez, vous l’aidez, il m’a souvent dit combien il vous était reconnaissant et combien il souffrait de votre éloignement…

L’apprenti chercheur d’or fixait « dans la vie », disiez-vous ; par Dieu ! oui ; lorsque vous le voyiez, penché sur la pan, ce ne sont pas les pépites qu’il contemple, mais l’image de la poupée chère qui apparaît souriante, et les paillettes de l’or animent un regard lointain.

Il reste accoudé sur sa pelle, les nerfs tordus par la fatigue, il est las à tomber ; là-bas, par delà les collines et les milles de neige, dans la grande cité, il y a une poupée fragile qui attend le bonheur ; ce bonheur, lui seul peut le donner à force de labeur et de peine… Houp là, on crache dans ses mains et l’on remet en marche la machine à fabriquer les dollars.

Ce ne sont pas vos concasseurs aveugles, vos appareils anonymes qui à force d’ingéniosité arrachent à la terre « l’or, dieu souverain ». La