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LE GRAND SILENCE BLANC

Par une piste en lacet, nous escaladons la montagne, tout étonnés de nous retrouver, après un mille et demi de marche, devant l’endroit que nous avions quitté, mais à trois cents pieds plus haut.

La hutte — une hutte de rondins de sapins — faite selon les bons principes, les fissures bouchées avec de la terre glaise. Les Winchester sont en bon état. Lewis W. Gould les examine avec attention. L’examen est satisfaisant, car il émet simplement :

— En route !

Nous suivons un chemin étroit, bordé de pins gigantesques, mais je n’ai pas le temps de m’émouvoir à l’aspect « des plus vieilles choses vivantes de la terre », comme disent les Yankees, notre guide nous montre déjà des traces indiscutables.

Pour être vrai, je dois avouer que je trouvais le sentier pareil aux autres sentiers. Ce n’est pas évidemment l’opinion de Lewis W. Gould qui hoche la tête et prononce :

— C’est une importante bête !

Je ne devais pas tarder à savoir combien importante elle était.

Les arbres cessaient, les rocs amoncelés faisaient une gorge peu large, en bas on entendait le mugissement du torrent étranglé dans la passe trop étroite.

La gorge passée, la végétation reprenait et à