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LE GRAND SILENCE BLANC

laisser tuer ou tout au moins se laisser prendre.

Une interrogation de mistress Flossie fait éclater la déconvenue de notre manager.

— Vous ne trouvez rien, cher ? Mon Dieu, que c’est peu intéressant !

Il répond avec une rudesse toute américaine :

— Hé, madame, croyez-vous que ce soit une sinécure… Mes renseignements sont exacts pourtant… mais allez donc vous rendre compte avec un ciel pareil, et ce moteur qui fait un bruit de tous les diables. Je suis sûr qu’on nous entend à dix milles d’ici…

Nous tournons en rond depuis deux grandes heures. Les autres canots sont invisibles, perdus, là-bas, dans l’immensité.

Moins abrités par la côte, nous sommes pris de biais par un vent nord-nord-est, qui nous poussant vers la mer accélère notre vitesse.

— Il ne fait pas chaud, murmure avec une moue notre jolie compagne qui s’emmaillote complètement dans ses peaux de renards.

Soudain, trois coups de sifflet brefs, aigus, stridents, déchirent l’air.

Le signal !

L’animal est en vue. Un coup plus prolongé nous avertit que nous devons surveiller sur notre gauche…

Un commandement du chef. Le canot, docile, vire et prend de la vitesse.

Mistress Flossie Hurchisson pousse un ah !