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LE GRAND SILENCE BLANC

de lui donner le nom de Novo-Arkangelsk, mais Novo-Arkangelsk, c’était trop difficile à prononcer, on a adopté Sitka. Sitka, c’est un nom civilisé… A-t-on idée de ces Russes !

Mais, ce n’est pas la question ; quand je dis dénicher la ville, je dis bien dénicher. Lorsque vous venez par la mer, vous ne voyez rien : des flots, des écueils masquent la cité, vous n’apercevez à l’horizon que le mont Edgecumbe, debout comme une gigantesque sentinelle, et la base occidentale du volcan Vestoria.

Lorsque vous avez doublé l’île Japonaise et suivi un long chenal tortueux, dans le fond, apparaît la crique de Sitka et la ville en amphithéâtre.

Le mot est grand, la chose petite ; voyez d’ici un amphithéâtre de cinq à six cents méchantes cabanes de planches ajustées ou de rondins de sapins !

Une église qui tient du minaret et de l’isba autour de laquelle se groupent les maisons. Telle est Sitka.

Mais que vous importent ces détails ? Vous n’irez jamais là-bas, gentlemen, heureusement pour vous…

Moi, j’ai voulu voir… J’ai traîné mon ennui par les rues de la ville ; par les rues, c’est une façon de parler, dans les bars est plus exact.

Or, un soir, j’étais accoudé à la balustrade en bois qui domine de quinze pieds la grande salle