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Page:Rouquette - Le Grand Silence Blanc, 1920.djvu/71

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LE GRAND SILENCE BLANC

voilons pas la beauté du regard. Tout vieillit, en nous, avec l’heure qui marche, notre cœur, notre corps surtout, le visage, la bouche comme un arc qui se détend, le menton qui se creuse ou s’amollit dans la graisse, les oreilles qui se ratatinent comme de vieilles choses brûlées, les mains qui se plissent, les doigts qui se nouent, seuls les yeux ne vieillissent jamais.

Ces choses vous paraissent toutes simples et pourtant vous n’y aviez pas arrêté votre pensée avant. Pourquoi ? Parce que vous êtes d’une race qui n’observe pas.

Vos hommes qui se croient les premiers des hommes ne sont que des enfants. Vos savants en sont à la première lettre du livre de science ; vos lettrés, des gâcheurs de copie qui manient le roseau d’une main inexperte ; vos artistes, quels monuments ont-ils élevés qui soient durables ? Votre Vénus de Milo est une robuste femelle. Et votre Parthénon ne vaut pas un des piliers d’Angkor…

Vous êtes habiles dans l’art des duperies ; pour une parole chinoise, vous avez dix actes, parafés par les scribes, et la parole chinoise est cependant la plus certaine.

Vous êtes un peuple puéril, chacun sait que l’enfance a des mauvais penchants ; nous avons eu le tort de vous montrer l’art de faire du bruit avec de la poudre. Comme des garnements, vous vous en êtes servi pour vous entre-tuer. Du reste,