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LE GRAND SILENCE BLANC

Hélas ! Rudyard Kipling nous a conté, avec humour, la belle histoire du phoque blanc, histoire qui lui a été rapportée, dit-il, par Limmershin, le roitelet d’hiver, et Kipling nous a prouvé que là où il y avait des phoques des hommes surgissaient, habiles à les traquer.

Il est vrai que Kotik, le phoque blanc, découvre à la fin de l’aventure la terre bénie où les chasseurs ne viennent jamais. Heureux Kotik !

Mais je n’ose croire à tant de bonheur pour Messieurs Phoques et de mon temps, tous n’avaient pas abandonné les rivages de l’île Saint-Paul pour s’en aller chercher fortune dans les idéales prairies de Sea Cow !

Ils étaient là par milliers, couvrant la grève.

Après M. de Buffon, le naturaliste aux manchettes de dentelle, ou l’honorable M. Cuvier, après le grand poète anglais à qui le livre de la mer est aussi familier que le livre de la jungle, rechanterai-je les héroïques combats des phoques mâles pour la possession d’un terrain de trente mètres carrés, et les batailles homériques pour — comment dirai-je — pour l’usage personnel des huit ou quinze Dames Phoques élues de leur cœur !

Jamais la loi de la force ne s’est affirmée, dans la nature, avec autant de précision.

Depuis que les Messieurs Phoques évoluent dans l’empire des mers, c’est à date fixe, la même volonté de vaincre, c’est aux premiers jours de