Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/104

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Des savanes, des pins, des ondes du vieux fleuve
J’entends la grande voix,
Et mon âme renaît à la vie et s’abreuve
Aux sources d’autrefois,

A ce passé lointain de la belle jeunesse
Qui ne laisse, après lui,
Que désenchantement, amertume, tristesse,
Immense et morne ennui.

A mes yeux éblouis mille beautés créoles
Apparaissent en chœur :
L’imaginaire écho de leurs douces paroles
Fait tressaillir mon cœur.

Une surtout…Hélas ! ami, qu’elle était belle
Quand je la vis, un soir !
Quels doux rayons tombaient de la vive prunelle
De son limpide œil noir !

Je me disais : C’est là ma créole inconnue,
La femme de mes vœux !
Dans mes songes d’amour je t’avais entrevue,
O vierge aux noirs cheveux !