Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/165

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des esclaves ? » Quelques uns, cependant, s’occupent d’agriculture. Je me rappellerai toujours avec plaisir une de mes chasses lointaines, où, fatigué de courses inutiles, j’arrivai au cabanage d’une famille indienne. Moi, qui avais vainement cherché dans la forêt « cette plante dont la fleur allongée en cornet contient un verre de la plus pure rosée ; » moi, qui, comme Chactas, fils d’Outalissi, « aurais voulu bénir la Providence qui, sur la faible tige d’une plante, a placé cette source limpide au milieu des marais corrompus, comme elle a mis l’espérance au fond des cœurs ulcérés par le chagrin, » je fus, je l’avoue, délicieusement surpris en apercevant, au milieu d’une pinière inculte, un champ couvert de melons d’eau. J’en obtins deux de la générosité de cette famille agricole, et je me consolai de n’avoir pu rencontrer la plante merveilleuse du désert.

Les Chactas sont heureux. Sur leur physionomie calme et sereine, on n’observe jamais la moindre expression de tristesse. Peu leur suffit. Une nature providentielle leur prépare en tout lieu la couche et le repas de chaque jour. Leur vie s’écoule paisible et insoucieuse.

Parmi leurs femmes on rencontrerait difficilement les types d’Atala et de Celuta, ces deux ravissantes créations de M. de Châteaubriand. Au reste, ces hommes simples et primitifs n’attachent aucun prix à la beauté. Pourvu qu’une femme soit bonne (tchou-couman), ils n’en demandent pas davantage. Une femme bonne, à leurs yeux, c’est une femme qui n’exige pas beaucoup d’égards. Le Chactas est fort peu galant.

J’ai été à même de connaître ces fils des savanes et des