Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/28

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Le morne Golgotha, le Cédron, le Calvaire,
La ville des Hébreux que le chrétien révère,
La terre où le passé nous répond en toute lieu.
Et le vide tombeau, débris de l’Homme-Dieu !…
Oui, dans un jour lointain, un avenir à naître,
Nous la satisferons, cette soif de connaître,
Ce désir qui toujours aux jeunes âmes point,
Qui grandit avec nous et qui ne faiblit point.
Et d’où vient donc que l’homme, insoluble problème,
Abandonne, inquiet, le sol natal qu’il aime ?
Pourquoi son cœur poussé vers tout lointain climat
Se gonfle avec la voile et tremble avec le mât ?
C’est que de l’Océan la sauvage harmonie
Seule peut assoupir une âme en agonie,
C’est que, pour apaiser la fièvre du cerveau,
Il faut les grandes mers, l’air d’un monde nouveau !
Pourquoi, Châteaubriand, viens-tu, loin de la France,
Sous l’arbre américain promener ta souffrance ?
Oh ! c’est qu’avec sa voix, le vieux Michasippi
Berce, comme un enfant, le poëte assoupi !
Oui, tu la ressentais la puissance inconnue
D’une vierge forêt, d’une savane nue !
Oh ! c’est que le désert, le sauvage bison,
Les Indiens groupés, le soir, près du tison,
Tout émeut un cœur jeune et l’enivre et l’inspire ;
Oh ! c’est que là le bruit des passions expire,