Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/38

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L’imaginaire accent de cette voix ouïe
Calme, berce, un instant, mon âme épanouie.
Je me rappelle alors notre dernier adieu,
Et je tombe à genoux et je demande à Dieu,
À cet être inconnu, providence éternelle,
De prendre l’exilé sous l’ombre de son aile,
De son souffle puissant d’entraîner le vaisseau
Qui le porte endormi vers son lointain berceau,
D’animer et refaire une mourante vie
D’un reste de chaleur à toute mon sang ravie.
Car, ô mon Dieu, vois-tu, c’est l’enfant de mon choix,
C’est le cœur et c’est l’âme en qui seule je crois,
Le sympathique écho de ma mélancolie
Qui souffre d’un passé que jamais je n’oublie,
C’est le seul, quand ma vie aura fui comme l’eau,
Qui, recueilli, viendra pleurer sur mon tombeau !

Bonfouca (Louisiane), mars 1837.