Page:Rouquette - Meschacébéennes, 1839.djvu/73

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Adieu les rayons purs du ciel italien !…
Je me sens retenu par l’amoureux lien.
Hélas ! je porte en moi ce poison qui corrode,
Cet amour qu’a chanté l’harmonieux rapsode,
Ce maladif amour que le poëte André
Sublime nous dépeint dans son rhythme inspiré !
Ami, contre le cœur impuissante est la tête.
Je veux partir… hélas ! un seul regard m’arrête.
Un souris de mon ange, un seul mot recueilli,
Et tous nos grands projets sont livrés à l’oubli,
Et dans l’enceinte errant, tout honteux de moi-même,
Tout honteux de faillir à ce frère que j’aime,
Voyageur renégat, transfuge du vaisseau,
Je semble d’un maudit au front porter le sceau;
Muet esclave aux pieds d’une vierge créole,
Du barde indépendant j’ai perdu l’auréole.
Mais ne la maudis pas, ma voix te le défend :
Est-ce sa faute si je l’aime… pauvre enfant !
Si, cet hiver, lassé des ennuis de l’étude,
Enseveli vivant dans une solitude,
J’ai senti le besoin d’être moins seul….de voir
Sous des sourcils soyeux rayonner un œil noir,
Si, pensif, écoutant la bûche en feu qui pleure,
Assis, à son côté, je rêvais toute une heure ?…
Mais non…soyons toujours les jumeaux Siamois :
Je veux triompher d’elle. Oh ! partons dans deux mois !
Adieu, pinière