LES POÈTES BRETONS FRANÇAIS 123
Tu conduis encor sous ton aile
Son âme qui fuit avec toi.
C’est la perte de ses illusions qui causa sa
mort. En 1830, les ministres de Louis-Philippe
n’eurent pas honte de supprimer la modeste
pension de douze cents francs que lui fai-
saient ceux de Charles X. Plus tard, Casimir
Delavigne obtint qu’on lui en donnât une, mais
la générosité du nouveau gouvernement ne put
s’élever au-dessus de la somme de neuf cents
francs. M. Taylor, directeur de la Comédie
française, ayant refusé sa tragédie deBoabdil,
où elle avait mis tout son espoir, le chagrin
s’empara d’elle, et elle s’éteignit le 7 janvier
1835. La mort fut sa libératrice; car, ainsi
qu’elle l’avait dit :
Ah ! qui pourrait pleurer son rêve,
Quand le poids que la mort soulève
Laisse enfin respirei- le cœur !
Parmi ses poèmes, il en est qui ont vieilli ; ses
titres à une renommée durable sont quelques
odes et élégies pleines d’un souffle frais et de
ce charme qui vient d’une âme vraiment émue.
Je salue, en passant, la mémoire d’une autre
noble femme, M^^^ Elisa Morin, qui n’est pas née