Page:Rousse - La Poésie bretonne du XIXe siècle, 1895.djvu/8

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profondément et portant dans ses instincts religieux une adorable délicatesse, les Bretons sont indifférents à l’admiration d’autrui et ne demandent qu’une chose, qu’on les laisse chez eux... Jamais famille humaine n’a vécu plus isolée du monde. » (La Poésie des races celtiques).

Après avoir constaté que la Bretagne « est la contrée la plus pittoresque de la France entière », M. Léon Palustre, dans son bel ouvrage sur la Renaissance, fait cette remarque très juste : « Si la Bretagne est un pays à part au point de vue de la nature, les monuments qu’on y rencontre ne laissent pas non plus de surprendre par leur aspect tout à fait singulier. Contrairement à ce que la logique demande, le principal est généralement négligé pour l’accessoire, et dans la construction des églises par exemple, on ne semble pas avoir cherché autre chose qu’un prétexte à lancer dans les airs un svelte et élégant clocher. »

C’est que le clocher à jour de la Bretagne, qui sonne en quelques heures pour la joie, l’amour et la mort, est le vrai symbole de l’âme celtique rêveuse et mobile, où se succèdent rapidement les sentiments les plus divers, dominés par une aspiration incessante vers l’idéal.

Des monuments funéraires élevés récemment, tels que le tombeau du général de la Moricière sous les voûtes colossales de la cathédrale de Nantes, ceux de saint Yves à Tréguier et du Comte de Chambord à Sainte-Anne d’Auray, sont encore des témoignages de la force du mysticisme dans le peuple breton.

Un autre sentiment profond s’y joint, c’est le sen-