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MIRABEAU.

Maintenant, il a trouvé sa route. Il s’y engage d’un pas sûr.

Comme le père est l’ami des hommes, le fils est l’ami des peuples, le précepteur des rois, l’homme d’État désigné de toutes les républiques, le ministre consultant de toutes les monarchies. Il adresse des conseils à la Suisse, des avis aux Bataves, des enseignements aux Hessois, des avertissements aux Américains, des remontrances à l’empereur d’Autriche, et des leçons de politique au roi de Prusse. Mais c’est à la France qu’il garde le meilleur de son éloquence.

Politique, finances, guerre, commerce, agriculture, industrie ; depuis des plans de constitution jusqu’aux embellissements des villes et à l’architecture des théâtres, tout ce qui passe à portée de sa plume, il faut qu’il y touche, qu’il l’examine, le critique et le corrige ; que ce brouillon de génie dise sur tout son avis en maître. C’est la mouche colossale de ce coche vermoulu, qui bourdonne autour des chevaux, gourmande le cocher, harcèle l’équipage, pousse aux roues, « fait avancer la machine », et la fait verser enfin dans la fondrière d’où l’on verra ensuite à la tirer pour la remettre à neuf et la reconstruire de toutes pièces.

Dès son retour de Londres, il entre dans la lutte par les questions d’argent et d’affaires. Criblé de dettes, il croit avoir ses raisons pour s’y connaître. Le hasard lui vient en aide, et l’occasion semblait l’attendre.