Aller au contenu

Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
MIRABEAU.

politique de sang et de race, comme son père et tous les siens. Si quelque chose devait nous faire croire aux aïeux florentins dont ils se sont vantés, ce serait leur ressemblance avec les grands Italiens que l’Italie a prêtés à la France : les Médicis, les Gondi, les Mazarin, les Bonaparte. Le dernier Mirabeau a leur souplesse, leur audace, leur activité prodigieuse, leur mépris absolu des hommes ; et, avec cette conscience commode qui se plie sans effort à tous les hasards, cette physionomie changeante qui se prête d’elle-même à tous les rôles. Comediante ! disait le pape au plus grand d’entre eux….

Tribun,… à cette époque, et plus tard peut-être, Mirabeau ne l’est qu’à regret, à contre-cœur et à contre-sens, poussé par des politiques à courte vue qui ne savent ni contenter son orgueil ni se servir de son génie. Sa pente naturelle est ailleurs. Il hait le despotisme, parce que le despotisme n’est, en France, que la contrefaçon bâtarde de la Royauté. Il hait les privilèges « qui ne sont utiles que contre le Roi ». « Cherchons ce qu’il faut faire, dit-il, et n’entreprenons pas trop. Le consentement national à l’impôt et aux emprunts, la liberté civile, les assemblées périodiques : voilà les trois points capitaux. Le reste viendra assez vite. Voilà pourquoi nous devons rester et pourquoi je serai, moi personnellement, très monarchique… Eh ! de bonne foi, que serait une république composée de toutes les aristocraties qui nous rongent ? Le foyer de la plus active tyrannie. »