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MIRABEAU.

imposée : « Voilà, disait-il, le projet que votre comité vous apporte avec une extrême méfiance, mais avec une docilité profonde…. Un écueil sur lequel toucheront toutes les déclarations des droits, c’est la presque impossibilité de n’y pas empiéter sur la législation, au moins par des maximes. » Et, prenant l’un après l’autre les articles les plus dangereux de ces projets, il demandait avec énergie que la Déclaration des droits de l’homme ne fût point « jetée en avant de la Constitution dont elle est la base, afin que les principes de la liberté, accompagnés des lois qui en dirigent l’exercice, soient un bienfait pour le peuple et non pas un piège ».

Comme Malouet, comme le sage Mounier, Mirabeau voulait voter la Déclaration ; mais ce qu’il voulait aussi, c’était qu’elle fût discutée seulement lorsqu’une loi positive en aurait précisé le sens, et aurait ajusté aux nécessités de la politique ces maximes abstraites dont les généralités philosophiques auraient pu, «jetées seules en avant », égarer les esprits et porter le trouble dans l’État.

Il avait deux fois raison, à mon sens ; et ces « grands principes de 89 », qu’il est de bon goût de railler aujourd’hui , doivent rester fort au-dessus de ces frivoles dédains. Ils étaient alors dans tous les cœurs et sur toutes les lèvres. Ils étaient écrits dans les cahiers de tous les bailliages, même dans les cahiers de la noblesse et du clergé. Ils formaient, avec quelques variantes, le préambule des constitutions que,