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CHAPITRE II

Dans « cette vieille citadelle à l’air auguste » naquit, le 26 octobre 1666, un des plus rudes hommes de guerre qui aient bataillé dans les années de Louis XIV : Jean-Antoine Riquet de Mirabeau.

Il venait cent ans trop tard. C’était un soldat de l’autre siècle, un colosse dur comme le fer, impénétrable et tout d’une pièce. On l’aurait pris pour un survivant des arcquebusades de Jarnac ou des chevauchées d’Ivry-la-Balaille ; un Montluc moins les pendaisons, un d’Aubigné sans les Tragiques.

Jusqu’à quarante ans, il avait guerroyé sans relâche ; en Italie surtout ; en Piémont, sous Vendôme. Au combat de Cassano, criblé de blessures, un bras fracassé, le cou traversé par une balle, il avait été laissé parmi les morts. Relevé par hasard, sauvé par miracle, il dut se faire ajuster au cou, pour soutenir sa tête branlante, un collier d’argent qu’il ne quitta plus. « Cassano ! c’est l’affaire où je fus tué », disait-il en parlant de cette aventure.

Peu de temps après, à quarante-deux ans, ainsi