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CHAPITRE IX

Qu’on envisage les événements seuls, ou bien, avec eux, l’homme qui s’était cru de force à les maîtriser, rien n’est plus triste que les derniers temps qui précédèrent la mort de Mirabeau. On a vu que ses relations avec la cour avaient commencé quelques mois après l’ouverture des États généraux ; et qu’au mois de mars 1790, une convention positive l’engageait au service du Roi. Depuis cette époque, sauf quelques jours de trêve, sauf quelques accès d’enthousiasme patriotique qui pouvaient tromper même les moins crédules et leur faire espérer un meilleur avenir, l’anarchie faisait des progrès effrayants et rapides. La fête de la Fédération fut la dernière halte de cette marche désordonnée. Halte périlleuse où, en se mêlant au peuple dans des embrassades avinées, l’armée risquait de perdre, avec sa discipline nécessaire, cette fierté jalouse et cette superstition de l’honneur militaire qui faisait sa force et sa grandeur. Ce jour-là même, en abandonnant à la Fayette