Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/226

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CHAPITRE XII

Voilà l’homme, tel que je l’ai vu, tel, du moins, que j’ai cru le voir et pu le comprendre : un assemblage énorme de bien et de mal, de passions généreuses et de bas appétits ; une des intelligences les plus fortes et les plus larges dont l’histoire de l’esprit humain doive conserver le souvenir ; — qui aurait tout embrassé dans ses vastes étreintes, si l’ambition et le hasard n’avaient pas tourné tous ses desseins vers un seul but, et ramené sur un seul point tous ses efforts.

Écrivain abondant et prolixe, admirable seulement aux endroits où, au lieu d’écrire, il croit parler ; orateur incomparable, dont le nom reste, encore aujourd’hui, le nom même de l’éloquence, Mirabeau fut-il, comme d’autres l’ont pensé avec lui, un grand politique ; ou seulement un politicien formidable, le chef épique d’une race malfaisante et vulgaire, le type géant d’une petite espèce ? Cent ans après les