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MIRABEAU.

conçue de lui sa famille. Peu à peu, dans la correspondance de ses deux aînés, « le vaurien de Bruxelles, le mauvais sujet d’Avignon, l’aventurier Buscon devient un diplomate de talent…. Il a du brillant et du fond…. Il est bon et honnête…. Il est même grand à bien des égards. » Manifestement flatté des honneurs qu’un Mirabeau a conquis en Allemagne, le bizarre marquis invente pour ce politique d’aventure un surnom classique qui contente à la fois son orgueil dynastique et sa vanité fraternelle. Il ne l’appelle plus que « Germanicus »….

Malgré l’insuccès de son ambassade, Germanicus n’avait rien perdu des bonnes grâces de son maître. En 1759 il revint en France, chargé des intérêts particuliers du margrave ; et, tout en justifiant la confiance de son prince, l’heureux ambassadeur sut mériter l’estime et les éloges du duc de Choiseul.

Ce deuxième roman se termina, comme le premier, par un mariage ; mais cette fois, le nom de Mirabeau n’en recevait aucune atteinte. En 1760, le grand chambellan de Bayreuth épousait une jeune Allemande, intelligente et bonne, fille noble, sœur d’un grand dignitaire d’une petite cour.

Ce fut une joie sans mélange dans la famille quand le comte vint en France y présenter sa femme. Ils furent reçus tous deux à bras ouverts. Ils allèrent, en grand équipage, se montrera leurs tenanciers de Mirabeau, avec cuisiniers, heyduques et coureurs. « On sera tout étonné dans nos contrées de voir des